De l’art d’adapter sa politique de change en temps de crise


En temps de crise, certaines entreprises survivent (voire prospèrent) quand d’autres, pourtant exposées aux mêmes circonstances, font malheureusement faillite…

Bien que de multiples facteurs permettent d’expliquer le succès ou l’échec d’une entreprise, il reste toutefois possible d’identifier certains grands principes stratégiques pouvant faire la différence entre la survie et la disparition d’une entreprise ; au premier rang desquels : la capacité d’adaptation.

Pour illustrer ce point, développons dans cet article l’exemple du risque de change et de la façon dont telle ou telle entreprise saura (ou non) adapter sa politique de change à la crise économique pour tirer son épingle du jeu.


Le “Window dressing” comptable (ou l’illusion de la sécurité)


Si la quête de la perfection comptable peut être légitime en temps de prospérité économique pour rassurer les investisseurs et peaufiner sa communication financière, celle-ci peut s’avérer totalement superficielle, voire dangereuse en temps de crise.

En effet, bien que cela parte d’une bonne intention, chercher à lisser (voire à supprimer) les gains et pertes de changes comptables de ses états financiers représente un coût.

Un coût direct d’abord (lié à la mise en place des opérations de couverture), mais aussi et surtout un coût d’opportunité important (puisque l’attention portée à la lutte contre les pertes comptables n’est alors plus disponible pour lutter contre les pertes économiques).

Or, en temps de crise, la priorité absolue est bien évidemment de préserver à tout prix la trésorerie et la rentabilité de l’entreprise plutôt que de soigner la cosmétique de son bilan.

Trop d’entreprises accordent encore une importance déraisonnable aux “vanity metrics” dont le suivi et l’amélioration éventuelle flattent certes l’ego de la direction financière, mais dont les fluctuations n’ont aucun intérêt profond pour la santé de l’entreprise.

Malgré son lot de mauvaises nouvelles, la crise économique offre ici la chance de lever un instant la tête du guidon pour s’interroger sur le bien fondé des stratégies de couverture en place (parfois reconduites mécaniquement depuis des années).

Vos stratégies de couverture ont-elles pour objectif premier de préserver la rentabilité de l’entreprise ? Vos couvertures sont-elles correctement dimensionnées pour en tirer le meilleur ratio coûts/bénéfices ? La couverture de vos pertes comptables est-elle un sujet prioritaire pour votre entreprise en temps normal ? L’est-elle encore en temps de crise ?

Vous l’aurez compris, si la couverture des pertes de change comptables peut effectivement (et à juste titre) être la cerise sur le gâteau en temps de paix, celle-ci ne doit en aucun cas se faire au détriment de la couverture du risque de change économique.

 

Se recentrer sur l’essentiel, une question de survie


“Pour survivre et prospérer, une entreprise se doit d’être rentable”. Afin de respecter cette vérité de La Palisse, votre entreprise doit donc avant toute chose se concentrer sur la préservation de ses marges. Et ce, d’autant plus en temps de crise, lorsque la pression de la baisse du pouvoir d’achat de la clientèle pèse sur vos résultats commerciaux.

Pour ce faire, l’entreprise doit bien évidemment prendre le temps de comprendre finement sa structure de prix et la façon dont elle génère de la marge dans le cadre de son activité. Mais cette dernière se doit également de se protéger contre les aléas susceptibles de venir rogner ses marges (tels que les variations de prix des matières premières ou les fluctuations des taux de change).

Or, si les entreprises ont pour la plupart bien compris tout l’intérêt de se couvrir contre le risque de change et contre le risque de variation de prix des matières premières, le dimensionnement des opérations de couverture laisse parfois à désirer.

Certaines entreprises se retrouvent en difficulté en temps de crise pour avoir sous-estimé la volatilité des paires de devises et/ou des matières premières, quand d’autres se retrouvent empêtrées dans des opérations de couverture trop complexes (dépassant leurs besoins réels et créant par la même occasion une sur-exposition inutile et dangereuse).

Qui plus est, d’autres entreprises encore se trompent parfois carrément d’objectif en tentant de prévoir d’une façon ou d’une autre l’évolution des cotations, basculant alors dans une activité de spéculation extrêmement risquée.

D’où votre entreprise tire-t-elle sa rentabilité ? Dans quelles mesures cette rentabilité est-elle exposée aux aléas des marchés financiers ? Dans quelles proportions devez-vous la protéger pour réduire votre exposition au risque tout en soignant vos marges ?

Voici quelques-unes des questions auxquelles il convient d’apporter des réponses pour définir votre politique de gestion des risques financiers ; des réponses susceptibles d’évoluer en fonction de la situation de votre entreprise et du contexte économique.


Approche économique VS approche comptable : que choisir ?

 

Si la priorité doit bien évidemment être donnée à l’approche économique afin de protéger la rentabilité de votre entreprise sur le long terme, tout n’est jamais ni tout noir, ni tout blanc.

En effet, trouver le juste équilibre entre approche économique et approche comptable nécessite d’arbitrer finement entre protection des marges et communication financière.

Si la PME familiale non cotée et entièrement financée en fonds propres n’aura aucun intérêt particulier à soigner ses gains et pertes de change comptables, le Grand groupe coté aura quant à lui davantage besoin de soigner son image afin d’obtenir de meilleures conditions de financement, notamment en temps de crise.

Par conséquent, pour toutes les entreprises (figurant dans le spectre allant de la PME familiale au Grand groupe) prendre le temps de peser le pour et le contre de chaque approche est essentiel afin de bien positionner le curseur.

Finalement, une politique de change n’est ni unique ni gravée dans le marbre à tout jamais, il s’agit au contraire d’un cadre conçu sur mesure en fonction de la situation propre à votre entreprise et du contexte économique du moment ; un cadre qu’il convient donc d’actualiser régulièrement, notamment lors du déclenchement d’une crise.

Pour (re)définir votre politique de change, il est essentiel de vous poser les bonnes questions. Chez Defthedge, nos experts vous accompagnent dans votre réflexion et vous permettent d’analyser et de piloter vos données finement grâce à notre logiciel de prévision financière spécialisé dans la gestion des risques financiers.

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